
A 16 ans j'étais seul, dépérissant sous le poids de ma tristesse.
J'ingurgitais tout ce qui pouvait entretenir mon mal chez les poètes et les romanciers de Lamartine à Dostoïevski...
Des idées de suicide me traversaient l'esprit : à quoi bon vivre dans un monde vide de sens et d'amour ?
J'en étais convaincu : personne n'aimerait la pauvre chose que j'étais...
Mes parents finirent par s'apercevoir de mon état. Ma mère toujours présente aux heures de crise, réapparut, suivie par mon père.
La ronde des médecins commença.
Non, je n'étais pas poitrinaire...je ne couvais aucune des maladies qui font la terreur des familles, aucune lésion organique, aucun trouble psychique, rien de contagieux, rien de congénital...
Une faiblesse venue sans doute de mon régime alimentaire que l'on compensa en me faisant ingurgiter des litres de jus de viande crue, d'huile de foie de morue, sans compter les cuisses d'oie confites en pleine graisse, ni les tonnes de gâteaux maison, qui auraient rendu la santé à un cadavre....
Damoclès le vieux a écrit :
On ne peut le saisir, le bonheur a des ailes !